Les avantages et les limites des aides technologiques
Bien qu’il en existe une panoplie, on associe souvent les aides technologiques aux ordinateurs et logiciels informatiques*. C’est d’ailleurs souvent ces aides devant lesquelles les parents sont le plus réticents pour leurs enfants de peur que ceux-ci ne deviennent « paresseux ».
Les technologies d’aide permettent notamment d’augmenter l’autonomie dans les apprentissages, d’améliorer la justesse et la vitesse du travail en classe et d’offrir des situations d’apprentissage positives et de succès à l’élève. Cela augmente sa motivation devant ses apprentissages.
Par contre, bien que fort utiles, ces technologies présentent aussi des limites et ne peuvent pas compenser toutes les difficultés de l’élève. Les technologies ne peuvent compenser un enseignement inefficace, éliminer un trouble d’apprentissage ou encore allumer une passion forte pour l’école chez l’élève.
J’ai donc pensé qu’il serait pertinent de démêler pour vous les avantages et les limites des aides technologiques.
Les avantages des aides technologiques
Quand un élève éprouve des difficultés à l’école et que celles-ci persistent malgré ses nombreux efforts et les adaptations déjà mises en place, sa motivation et son estime de lui s’en trouve affectées. C’est alors qu’on pense à mettre en place des aides technologiques pour supporter le jeune dans ses apprentissages.
Une aide technologique, c’est en fait un outil (ordinateur, logiciel, calculatrice, etc.) qui aide le jeune à réaliser une tâche ou à développer des habiletés, chose qu’il n’aurait pu faire sans ce type d’aide. Plusieurs études ont démontré les impacts positifs de leur utilisation, et ce, dans des contextes variés.
ELLES FAVORISENT UN MEILLEUR SENTIMENT D’AUTOEFFICACITÉ
Je crois que personne ici ne trouve facile et surtout satisfaisant de fournir de gros efforts et de ne pas avoir de bons résultats ou les résultats attendus, et ce, à chaque fois. C’est ce que vivent plusieurs des enfants présentant un trouble d’apprentissage. Malgré tout le travail et le temps qu’ils mettent, ils éprouvent de la difficulté à l’école, ce qui est très décourageant.
Les aides technologiques permettent aux jeunes de se sentir plus efficaces, car enfin ils ont des résultats à la hauteur de leurs efforts. En effet, en compensant leurs difficultés avec l’outil, les élèves peuvent enfin mettre à profit leurs réelles habiletés. Ainsi, ils ont souvent de meilleurs résultats, ce qui entretient une certaine fierté.
ELLES AUGMENTENT LE NIVEAU DE MOTIVATION DES ÉLÈVES
Je ne sais pas pour vous, mais moi, quand je réussis quelque chose, ça me donne un regain d’énergie et j’ai le goût de recommencer pour le réussir encore. À l’inverse, si je ne le réussis pas, après une fois, je vais essayer avec une autre technique, mais après plusieurs échecs, je me décourage et je laisse tomber.
C’est un peu ce qui se passe avec les jeunes qui ont un trouble d’apprentissage. Le fait de ne pas réussir dans leurs apprentissages scolaires peut être très démotivant. Ça devient un cercle vicieux : moins ils réussissent, moins ils ont envie de mettre les efforts pour y arriver. Et c’est d’autant plus difficile quand il faut mettre de plus en plus d’efforts et qu’ils ne portent pas fruit…
La mise en place d’une aide technologique peut, dans plusieurs cas, redonner aux jeunes cette motivation perdue. Elle leur permet de diminuer la dose d’efforts qu’ils doivent mettre pour se concentrer sur l’essentiel et réussir la tâche. À force de réussites, mais également à diminuer le niveau d’efforts à fournir pour un même résultat, les jeunes sont encouragés, ce qui les motive à poursuivre leurs apprentissages et parfois même à pousser plus loin que ce qu’on attend d’eux.
ELLES FAVORISENT UNE MEILLEURE AUTONOMIE DANS LES APPRENTISSAGES
Le fait d’utiliser une aide technologique dans les travaux scolaires libère de l’énergie pour d’autres ressources cognitives. Par exemple, si un jeune qui éprouve des difficultés en lecture doit mettre toute son énergie à décoder et identifier les mots, il ne lui en restera que très peu pour comprendre ce qu’il lit. Si on lui permet d’utiliser un logiciel de rétroaction vocale, il pourra alors concentrer son énergie cognitive sur la compréhension du texte qui lui est lu. Ainsi, le résultat obtenu lors d’une évaluation sera plus représentatif des habiletés réelles de compréhension de texte de l’élève.
De plus, étant maintenant moins surchargé sur le plan cognitif, l’élève est davantage disposé à généraliser ses stratégies d’apprentissage et à les mettre en application par lui-même sans besoin d’une aide externe de l’adulte.
J’aime voir cela comme un cercle vertueux : parce que l’élève bénéficie d’une aide qui le libère cognitivement, il a plus d’énergie à mettre pour développer ses stratégies d’apprentissage et utiliser le logiciel efficacement, ce qui l’aide d’autant plus.
Les limites des aides technologiques
Je compare souvent les aides technologiques à une paire de lunettes. Bien qu’elles aident à compenser certaines difficultés, elles présentent tout de même des lacunes et ne font pas tout le travail à la place de l’élève.
Il est donc important d’être au courant des limites des aides technologiques que vos enfants/élèves utilisent pour pouvoir les entrainer adéquatement à leur utilisation.
ELLES DEMANDENT UNE ADAPTATION ET UN ENTRAINEMENT
Lorsqu’on introduit un nouvel outil à un élève, il est important de l’entrainer à bien utiliser celui-ci. Si l’élève ne sait pas comment bien l’utiliser, l’aide technologique ne sera fort probablement pas d’une grande aide et le jeune risque de se décourager et de ne pas en voir l’utilité.
Des études ont d’ailleurs démontré que plus les élèves ont des difficultés, moins bien ils utilisent les aides technologiques alors qu’ils pourraient possiblement en bénéficier. Il est donc d’autant plus important d’inclure des activités au quotidien pour amener le jeune à utiliser son outil et à l’apprivoiser.
Plus complet et varié est l’entrainement, meilleure sera l’utilisation que l’élève fera de ses outils par lui-même par la suite et à long terme.
ELLES NE RÈGLENT PAS TOUTES LES DIFFICULTÉS DES ÉLÈVES
Certains élèves se découragent de constater qu’il leur est encore difficile de réaliser des tâches malgré qu’ils aient une aide technologique à leur disposition. Il est donc important, lorsqu’on introduit une aide technologique à un élève, de lui mentionner que cela ne règlera pas tout et qu’il devra continuer à mettre des efforts pour bien réussir.
Il devra donc continuer à développer sa capacité à analyser et à se questionner sur ses démarches et continuer d’appliquer les stratégies qu’on lui enseigne. Il aura même parfois à s’adapter pour les appliquer différemment avec l’aide de son nouvel outil.
ELLES EXIGENT DE L’AUTONOMIE DE LA PART DE L’ÉLÈVE
Bien que les outils technologiques puissent aider l’élève grandement dans ses apprentissages, ils ne réfléchissent pas à sa place, ce qui fait en sorte que les erreurs demeurent possibles. Autrement dit, l’élève doit encore fournir des efforts et s’impliquer dans ses apprentissages.
Tout d’abord, il doit lui-même être en mesure d’évaluer quand il a besoin de son outil et comment l’utiliser adéquatement dans les tâches. De plus, il doit être capable de palier aux lacunes de son outil. Pour reprendre mon exemple de la compréhension de texte, même s’il a un logiciel de rétroaction vocale, l’élève doit être en mesure de le relever lorsqu’il y a des passages du texte qu’il ne comprend pas ou encore savoir où trouver l’information pour répondre aux questions posées.
Dans le fond, ce qu’il faut retenir de tout ça, c’est que les aides technologiques sont des outils qui s’ajoutent aux autres outils « standards » et qui présentent des avantages considérables, mais également des limites qu’il ne faut pas négliger.
Si vous introduisez une aide auprès d’un jeune, il est important d’être bien informé de son utilité ainsi que de la façon dont elle pourra aider l’élève pour bien la lui présenter.
Évidemment, les aides utilisées et les configurations varient selon les besoins et difficultés de chaque élève.